jeudi 24 avril 2008

Daniel (Auteuil) et Nicolas (Neuilly)


Avec 3,2 millions d'euros engrangés l'année dernière, Daniel Auteuil est l’acteur français le mieux payé (devant Mathilde Seigner et Thierry Lhermitte). Une place entièrement justifiée. Aujourd’hui plus personne ne remet en question le talent de l’acteur qui a connu son premier succès populaire en 1980 avec « Les sous-doués ». Un film qu’il ne renie pas. Que du contraire. Un jour, il m’avait confié : « Vous ne pouvez pas imaginer toutes les filles que je me suis levées avec ce rôle ! » A chaque film, Daniel Auteuil se dépasse et offre aux spectateurs d’incroyables prestations quel que soit le genre abordé comme le drame avec « L’un reste, l’autre part », le polar avec le remake du « Deuxième souffle » ou la comédie avec « L’invité ». Son nouveau film « MR73 » (sorti le 19 mars) vous laissera bouche bée. Bon d’accord, il est glauque, violent et peu réjouissant mais qu’importe. Ici, le cinéma français propose en fait son « Seven ». Réalisé par Olivier Marchal, à qui l’on doit l’excellent « 36 quai des Orfèvres » déjà avec Daniel Auteuil, « MR73 » est un polar esthétiquement réussi. Pas de doute, en mars, Daniel + Marchal + polar, c’est le tiercé gagnant à… Auteuil !
Louis, votre personnage, est dépressif, alcoolique et suicidaire…
Il est aussi déterminé…
C’est vrai. Dites-nous ce qui vous a plu dans ce rôle ?
Tout ce que vous venez de citer. Mais ce que j’ai surtout aimé, c’est la dimension héroïque et tragique de ce personnage. L’avantage d’un film de genre, comme celui-ci, c’est que c’est le dernier endroit où vous pouvez encore jouer un vrai héros… même dépressif.
Le tournage fut difficile ? Courir sous une pluie glacée, tourner la nuit, etc.
Ce film s’est fait dans le plaisir. Le plaisir de donner un maximum. Un tournage reste toujours un moment privilégié car tout s’arrête pendant trois mois. On se permet plein de choses comme se battre, tirer au revolver, souffrir. On ne pourrait pas souffrir dans la vie comme dans ce film, ça ferait trop mal.
Comment est-ce que l’on sort d’un rôle aussi dur physiquement et éprouvant psychologiquement ?
On en sort comme après une séance sport à la salle de gym. On se sent mieux après qu’avant, en pleine forme. Encore une fois, les émotions traversées ne sont pas les miennes mais celles de mon personnage. Si elles avaient été les miennes, je ne pourrais être suffisamment libre pour que les spectateurs puissent s’identifier au rôle…
Après deux polars, « Le deuxième souffle » et « MR73 », on vous retrouvera dans deux comédies dont celle d’Alain Chabat « La personne aux deux personnes »…
Je vous conseille le film de Chabat, il est très drôle. Ce que j’aime au cinéma, c’est de provoquer des émotions. Tout sauf l’ennui. Dans « MR73 », on a peur et on pleure beaucoup. Les films de genre sont les films les plus difficiles car ils ne supportent pas la médiocrité. On ne peut pas enchaîner n’importe quel polar derrière. Il ne faut pas d’accoutumance à ces héros de polar donc voilà pourquoi je me dirige vers des films diamétralement opposés.

Nicolas (journaliste à crédit) et Jean (acteur Cash)


Fort de ses nombreux succès en salles, Jean Dujardin est un acteur dit « bankable ». Lisez par là qu’il rapporte énormément d’argent aux producteurs qui le font tourner ! Il est donc tout à fait normal de le retrouver en tête d’affiche d’un film tout simplement intitulé « Cash » (sortie prévue le 23 avril). Un film d’arnaque proche de la saga « Ocean’s 11 ». Sauf que dans cette histoire, également emmenée par Jean Reno, les rôles de George Clooney, Brad Pitt et Matt Damon sont tous joués par l’unique Jean Dujardin ! Et pourtant, le jour où je l’ai rencontré pour cette interview, il n’était pas dans son assiette. Sa nuit fût agitée…
Vous avez une petite mine !
J’ai participé à l’émission d’Arthur « Les enfants de la télé » hier soir et on nous a proposé du mauvais champagne et des mauvais petits fours. A deux heures du matin, je me suis senti mal. J’avais les intestins et l’estomac qui travaillaient… Et là je me suis dit : « Oups je vais prendre un bouquin pour aller aux toilettes ! » J’ai choisi Proust, l’intégrale (rires) !
Revenons au film « Cash ». Quand on s’attaque au scénario, est-ce qu’on est pas un peu perdu comme le spectateur peut l’être ? A toujours se demander mais qui arnaque qui ?
Complètement. En tant qu’acteur en tout cas sur le tournage, moi j’étais perdu ! Notez que c’est la raison pour laquelle j’ai voulu faire ce film. J’aimais l’idée de renouer avec un genre un peu oublié en France qu’est le film d’arnaque. Enfin, on croit que seuls les Américains peuvent réaliser ces films mais non ! « Cash » est un projet ambitieux. J’ai toujours joué des personnages incarnés. Ici, je suis au service de l’histoire et je me laisse conduire. C’est une histoire à tiroirs. Donc, tu dois jouer chaque scène à part entière sans penser à l’ensemble de ton rôle, sans te dire à quel endroit la scène sera placée. Voilà pourquoi j’étais souvent perdu.
Et dans la vie de tous les jours, vous êtes plutôt du côté des arnaqueurs ou des arnaqués ?
Plutôt du côté des arnaqués. Je suis foncièrement honnête… Oulala le mec comment il se vante (rires)… Oui je suis humble et honnête (rires)… Une fois dans ma vie, j’ai fait une caméra cachée. Ça m’a fait un mal fou de pigeonner les gens, de lire toute leur détresse sur leur visage. Je n’avais qu’une envie : tout leur avouer. Je déteste ça arnaquer les gens !

Eugène (Gogol Bordello) et Nicolas (Gogol bordélique)


Depuis son premier 45 tours (car à l’époque on parlait encore de 45 tours) « Everybody » sorti en 1982, et l’année suivante, son premier album avec « Lucky star », « Holiday » et « Borderline », tout le monde reconnaît le talent de Madonna. Au cinéma par contre, la Reine de la Pop ne fait pas l’unanimité. Depuis « Recherche Suzanne désespérément » sorti en 1985, Louise Ciconne a joué dans 22 films. Des films davantage descendus plutôt qu’encensés par la critique. Souvenez-vous du navet « A la dérive », réalisé par son mari Guy Ritchie !?! Elle avait reçu la Framboise d’or de la pire actrice pour ce rôle. Aujourd’hui, en devenant réalisatrice avec « Filth and wisdom », Madonna embrasse une nouvelle carrière… à vrai dire peu convaincante. Enfin, je trouve. « Filth and wisdom » raconte l’histoire d’un chanteur qui rêve de devenir une star du rock et qui en attendant la gloire partage son minable appartement londonien avec deux superbes filles. Il y a de l’autobiographie dans l’air. Présenté au dernier Festival du film de Berlin, ce film n’a pas été fort applaudi. Dommage pour elle. Tant mieux pour nous, en espérant qu’elle reste à sa place… Chanteuse, c’est ce qu’elle fait de mieux !
Au départ ce film aurait du être un court-métrage. Pourquoi avez-vous décidé de faire plus long ?
Quand j’ai commencé à travailler avec Eugène, Vicky et Holly, je suis littéralement tombée amoureuse des personnages. Je me suis alors dit que je pouvais davantage développer cette histoire. J’ai écrit des nouvelles et inventer de nouveaux rôles.
Comment cette histoire a-t-elle été influencée par votre vie ?
Elle a été totalement influencée bien sur. Malgré tout, je pense que nous sommes maîtres de notre destinée. Penser le contraire, c’est se voiler la face !
De quel personnage vous sentez-vous la plus proche ?
Je me sens proche de tous mes personnages. Mais si je devais m’identifier à l’un d’entre eux en particulier, je choisirais Holly. Comme elle, j’ai grandie en rêvant de devenir danseuse et je me suis entraînée pendant des années. Quand je suis arrivée à New York, vu qu’il y avait des milliers de danseuses qui partageaient le même rêve que moi, ce fût une grande désillusion. Je me souviens que, comme elle, je n’avais pas d’argent pour payer mon loyer.
Pour ce film, avez-vous demandé des conseils à d’autres réalisateurs que vous aimez comme votre mari, Guy Ritchie, ou êtes-vous arrivée sur le plateau… « Like a virgin » (ndlr : « Comme une vierge ») ?
J’ai demandé quelques conseils aux gens que j’admire dans ce métier. Mais vous savez, les opinions sont comme les trous du… (elle rit) ! Désolé, c’est une mauvaise blague. Donc, tout ça pour dire que oui, j’ai demandé et reçu pas mal de conseils concernant la réalisation mais à la fin de la journée, ces conseils, vous les mettez de côté et seule compte votre propre expérience. Il ne reste plus que ça !
Est-il vrai que vous allez diffuser votre film via Internet et seulement comme ça ?
J’y pense depuis longtemps. C’est un média non conventionnel. Et vous savez que j’aime ça… les choses non conventionnelles ! Ne jamais faire comme les autres…
La musique tient une place importante dans votre film. Comment l’avez-vous choisie ?
C’est Eugène (ndlr : Eugène Hütz est le leader du groupe gypsy rock Gogol Bordello... notre photo) qui m’a initiée à cette musique. Il m’a donné des cd composé par son oncle Alexander Kalpakov. Cette musique est incroyable et elle correspondait réellement au message du film. Pour le reste de la bande originale, j’ai repris des chansons d’artistes que j’adore et avec qui j’ai travaillé comme Britney Spears. En plus sur toutes ces chansons je touche des droits d’auteur donc c’est un bénéfice supplémentaire (rires). C’est dans ce but également que j’ai repris quelques-unes de mes chansons.
Qu’est-ce qui vous attire dans la culture bohémienne dont sont tirées les chansons de l’oncle d’Eugène ?
Secrètement, je crois que j’ai toujours voulu être une bohémienne. Voyager, faire de la musique et vivre sa vie pleinement, il y a là dedans une certaine légèreté qui me plaît et beaucoup d’authenticité.